C’est officiel : le
biscuitier Poult cherche un repreneur. Installé à Montauban depuis cent
vingt-sept ans, il emploie 400 salariés. L’industriel, leader français sur son
marché de référence, affiche un chiffre d’affaire en augmentation de 13% en
2013, soit un résultat de 230 millions d’euros. N’empêche, son unique
actionnaire, LBO France,
reprend ses billes. Difficile à comprendre. Sauf à
considérer que le biscuitier n’est qu’une pièce au milieu d’un puzzle financier
spéculatif : un LBO, de l’anglais, « Leverage Buy-Out ».
Traduisez : un montage juridico-financier de rachats d’entreprises
financés par un effet de « levier », c’est-à-dire par l’utilisation privilégiée
du crédit bancaire. Ceci permet aux investisseurs de dépenser le moins possible
de leurs fonds propres, en s’endettant auprès des banques. Les créances seront
ensuite remboursées par les profits générés par les entreprises achetées. Une
martingale qui a permis à LBO France qui détient les biscuiteries Poult depuis
2006, de se séparer de sa filiale polonaise pour un montant évalué à 125
millions d’euros. Le dossier polonais clos, la vente du biscuitier montalbanais
devrait intervenir dans le courant du premier trimestre 2014. Mais le schéma
spéculatif des LBO n’est pas sans risque. Les entreprises rachetées doivent
générer des profits, afin de rembourser les emprunts contractés. Dès 2012,
l’agence de notation Moody’s prévenait : « D’ici 2015, un quart des
254 entreprises européennes achetées par un LBO cumulent une dette globale de
133 milliards d’euros. A terme, certaines pourraient faire défaut. ». Ce
n’est pas le cas des biscuiteries Poult, ce qui explique en partie, leur vente
précipitée. Lancé à la recherche de plusieurs investisseurs, Carlos Verkaeren,
PDG de l’entreprise montalbanaise anticipe : « Personne ne peut
garantir qu’il n’y aura pas de suppressions de postes ». Mais il est
certain que si l’hypothèse émise par l’agence Moody’s se précise, en France
comme en Europe, des dizaines de milliers d’emplois seront à nouveau sacrifiés
sur l’autel de la spéculation.
Annaba
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