L’auteur, médecin
hépato-gastro-antérologue dans les hôpitaux de Montauban et Toulouse, a déjà
publié un ouvrage il y a dix ans : « De la jaunisse à l’hépatite
C : 5000 ans d’histoire ». C’est au cours de recherches concernant la
rédaction de celui-ci que la découverte d’un article publié en 1942 va conduire
Jean-Louis PAYEN à l’écriture de ce livre. (1)
Nous voici donc u njour de
printemps 1942 dans le ghetto de Varsovie : deux enfants, deux cousins,
Abraham et Boris se retrouvent : c’est l’anniversaire de leurs douze ans.
Une miche de pain fera l’affaire. Le premier des deux conte l’histoire…
Des soldats allemands
pénètrent dans l’immeuble et, peu après, les deux garçons se retrouvent dans la
cour avec les parents de Boris, sous bonne garde. Un autre univers les attend….
Quelques mois plus tard nous
retrouvons les deux enfants au Revier (l’infirmerie) du camp de concentration
de Sachsenhausen, non loin de Berlin. C’est là que les docteurs Vogel et Dhomer
se livrent à des recherches avec des expériences, concernant la jaunisse, sur
les enfants déportés. Il s’agit d’une mission commandée par le chef de la
police hitlérienne, Himmler, car cette maladie constitue un ennemi imprévisible
pour les armées du Reich.
Un jour, sous la conduite
d’un infirmier, Abraham prend la direction, non de la douche, mais celle du
bloc du Dr Dhomer, de sinistre réputation. C’est là, qu’entre les mains de
celui-ci, il ressent une douleur atroce. Durant les jours qui suivent, épuisé,
il ne quitte presque plus le lit. D’autres compagnons qui « eux aussi
avaient développé une jaunisse » disparaissent après avoir subi le même
traitement. Un autre docteur visite les « patients » et rédige les
notes découvertes bien des années après…
Dans le ghetto de Varsovie,
Abraham et Boris avaient imaginé un « curseur » pour
« mesurer » le degré d’humanité des humains qui les entouraient, une
échelle sur laquelle ils placent le docteur Dhomer et d’autres, d’où ils tirent
des conclusions. Ils imaginent également des jeux pour rompre la monotonie des
journées, à survivre. Deux médecins français déportés les y aident, leur
apprennent le français… Abraham est fasciné par la médecine. Lors d’un
bombardement de l’aviation alliée durant une nuit d’avril 1945, Boris
disparaît. Une dizaine de jours après l’armée soviétique libère le camp.
Retrouver sa famille devient
la hantise d’Abraham seul et désespéré. Pour notre jeune adolescent de quinze
ans, c’est un chemin qui passe par Paris avec Doucer, l’un des deux médecins
français, qui l’héberge dans la capitale. Une longue et douloureuse patience
l’attend au cours de laquelle il va rencontrer de nouveaux amis, de nouvelles
solidarités, avec Salomon et Tania, Mathilde et Shatta, Moissac et des
témoignages, plus tard New York avec la Convention des Droits de l’Enfant…
Un retour à
« l’humanomètre » s’impose alors pour donner sens à la vie, pour que
l’humanité soit humaine. L’auteur nous propose des pistes… à découvrir en
compagnie d’Abraham. Une belle ambition humaniste qui n’oublie pas les
difficultés.
Michel VEYRES
(1) « Enfants cobayes en
1942 » par Jean-Louis PAYEN. Ed. des Rosiers – 2012 (108 p. – 14 euros)
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