Quelles sont tes
premières réactions au projet au texte que la CGT et FO ont refusé de
signer ?
Lina Desanti :
Il marque une grave régression des droits sociaux des salariés et va a
contrario des objectifs fixés par la « Grande Conférence sociale » et celle
contre la pauvreté. Il contient de multiples dispositions pour faciliter les
licenciements et accentuer la flexibilité. Le chantage à l’emploi est
généralisé par des accords permettant la baisse des salaires et l’augmentation
du temps de travail. La précarité est accentuée avec une taxe sur les CDD «
courts » mais pas sur les contrats «intérim ». Le MEDEF évalue le coût de cette
taxe à 110 millions d’euros. Il chiffre dans le même temps à 155 millions
d’euros les exonérations de cotisations sociales obtenues. Résultats : plus 45
millions d’euros dans les caisses patronales et toujours plus de précarité pour
les salariés.
Cet accord dit de «
compétitivité » et de « maintien de l’emploi » permettrait de baisser les
salaires et moduler plus ou moins les heures de travail pendant une période
pouvant aller jusqu’à deux ans. Dans le cas d'un refus des salariés, ceux ci
seraient alors licenciés pour « cause réelle et sérieuse ». Ce projet
qui contient beaucoup d'autres dispositions inacceptables est une trahison
contre les travailleurs.
Quelles auraient
pu être les conséquences si cet accord avait été appliqué dans des entreprises
du département où les salariés ont récemment mené des luttes
victorieuses ?
Lina Desanti :
Les salariés de Baldessari ont par exemple refusé la mobilité imposée par leur
patron avec des déplacement à leurs frais de 80 km par jour. Par leur lutte ils
ont gagné. Avec cet accord, ils étaient contraints d’accepter sans pouvoir se
défendre. En cas de refus, l’employeur pouvait les licencier sans aucun recours
possible pour eux.
De même pour les
salariés de Leche Pascual. Au nom de la compétitivité, ils auraient subi une
baisse de salaire au nom, et pouvaient être mutés en Espagne. Ou encore pour
les salariés des abattoirs à qui l’employeur voulait imposer 80 heures de travail
supplémentaire sans être payés.
Ce sont là quelques
exemples des conséquences néfastes de cet accord pour les salariés.
Tout n'est pas
perdu car le texte doit être adopté par les députés. Que compte faire la
CGT ?
Lina Desanti :
Oui, cet accord signés par des syndicats minoritaires peut être mis en échec.
La loi n’est pas votée. Nous allons appeler les salariés à agir. La CGT
va rencontrer les députés et exiger des lois de progrès social et
de démocratie et non l’inverse. Il serait inconcevable que la majorité
parlementaire et le gouvernement entérinent dans la loi les reculs sociaux
dictés par le MEDEF. La CGT attend un projet de loi d’une toute autre nature
qui protège les salariés contre les licenciements et la précarité.
Propos
recueillis par Alain Raynal
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