Journal bi-mensuel édité par le PCF 82

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dimanche 17 février 2013

Les melons de la discorde

Nouvelles 82 n°415 du 6 février 2013

La production du melon couvre, en Tarn-et-Garonne, plus de 850 hectares, en diminution par rapport aux surfaces cultivées jusqu’en 1990 par plus d’un millier de petits paysans leur procurant à l’époque un revenu convenable. Ils ne sont plus aujourd’hui qu’une centaine se situant surtout dans le Quercy mais leurs surfaces cultivées sont très loin d’atteindre les 850 ha.
Alors, qui exploite ces îlots de plusieurs dizaines d’ha qui, globalisés, atteignent 200 ha et plus ? Comment cette concentration des cultures peut-elle respecter une rotation de culture de melon demandant à ne revenir sur le même sol que tous cinq ans, voire sept ?
Explication : Ces cultures sont effectuées par des sociétés financières ayant souvent comme principal actionnaire un commerce en gros de légumes et fruits et ne possédant pas un seul m2 du foncier utilisé. Ces sociétés offrent pour la mise en culture des terres de petits exploitants durant une année culturale un forfait (1000 euros l’hectare en général). C’est un apport d’argent facile qui correspond au revenu d’une culture traditionnelle de céréales ou oléicole. La société ensuite assure la préparation du sol, la fumure, la plantation, son suivi (traitement, arrosage au goutte à goutte), ramassage et conditionnement et laisse propre le sol du propriétaire. Le travail, sous la responsabilité d’un technicien, est effectué par de la main d’œuvre salariée dont la grosse masse est assurée par des saisonniers étrangers dont il serait heureux de connaître la teneur des contrats. Des sociétés exploitantes sont en relation avec des sociétés intérim, situées en Pologne par exemple. Ces sociétés ressemblent comme deux gouttes d’eau aux sociétés industrielles soutenues par le M.E.D.E.F. et ayant les mêmes avantages fiscaux et en prestations sociales. Sociétés qui masquent la vérité en affirmant qu’il est impossible de trouver une main d’œuvre qualifiée en France. Serait-elle trop chère ? Pourtant les résultats financiers de cette méthode culturale laissent de très bons bénéfices.
Quant aux agriculteurs qui souscrivent aux proposition de céder leur terre pour 1 an, même s’ils perçoivent ainsi de l’argent facile, se rendent-ils compte qu’ils portent un coup au droit à produire du paysan et un coup mortel à ces petits producteurs qui continuent à lutter pour préserver leurs produits de qualité et leur droit à vivre ? Où est la solidarité paysanne d’avant 1990 ?
Notons, toutefois, que certains agriculteurs, désireux que le travail de la terre soit effectué par les paysans ont su dire non aux propositions de ces sociétés. lls se montrent solidaires pour maintenir la culture dans les mains des producteurs paysans, qui eux s’ils ont besoin de main d’œuvre saisonnière la trouve dans la proximité.
Paul ARDOUIN

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