La production du melon couvre, en
Tarn-et-Garonne, plus de 850 hectares, en diminution par rapport aux surfaces
cultivées jusqu’en 1990 par plus d’un millier de petits paysans leur procurant
à l’époque un revenu convenable. Ils ne sont plus aujourd’hui qu’une centaine
se situant surtout dans le Quercy mais leurs surfaces cultivées sont très loin
d’atteindre les 850 ha.
Alors, qui exploite ces îlots de plusieurs
dizaines d’ha qui, globalisés, atteignent 200 ha et plus ? Comment cette
concentration des cultures peut-elle respecter une rotation de culture de melon
demandant à ne revenir sur le même sol que tous cinq ans, voire sept ?
Explication : Ces cultures sont
effectuées par des sociétés financières ayant souvent comme principal actionnaire
un commerce en gros de légumes et fruits et ne possédant pas un seul m2 du
foncier utilisé. Ces sociétés offrent pour la mise en culture des terres de
petits exploitants durant une année culturale un forfait (1000 euros l’hectare
en général). C’est un apport d’argent facile qui correspond au revenu d’une
culture traditionnelle de céréales ou oléicole. La société ensuite assure la
préparation du sol, la fumure, la plantation, son suivi (traitement, arrosage
au goutte à goutte), ramassage et conditionnement et laisse propre le sol du
propriétaire. Le travail, sous la responsabilité d’un technicien, est effectué
par de la main d’œuvre salariée dont la grosse masse est assurée par des
saisonniers étrangers dont il serait heureux de connaître la teneur des
contrats. Des sociétés exploitantes sont en relation avec des sociétés intérim,
situées en Pologne par exemple. Ces sociétés ressemblent comme deux gouttes
d’eau aux sociétés industrielles soutenues par le M.E.D.E.F. et ayant les mêmes
avantages fiscaux et en prestations sociales. Sociétés qui masquent la vérité
en affirmant qu’il est impossible de trouver une main d’œuvre qualifiée en
France. Serait-elle trop chère ? Pourtant les résultats financiers de
cette méthode culturale laissent de très bons bénéfices.
Quant aux agriculteurs qui souscrivent aux
proposition de céder leur terre pour 1 an, même s’ils perçoivent ainsi de
l’argent facile, se rendent-ils compte qu’ils portent un coup au droit à
produire du paysan et un coup mortel à ces petits producteurs qui continuent à
lutter pour préserver leurs produits de qualité et leur droit à vivre ? Où
est la solidarité paysanne d’avant 1990 ?
Notons, toutefois, que certains agriculteurs,
désireux que le travail de la terre soit effectué par les paysans ont su dire
non aux propositions de ces sociétés. lls se montrent solidaires pour maintenir
la culture dans les mains des producteurs paysans, qui eux s’ils ont besoin de
main d’œuvre saisonnière la trouve dans la proximité.
Paul ARDOUIN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire