Coup de gueule : ne rien laisser passer !

Nouvelles 82 n°459 du 21 janvier 2015

Que des millions de personnes se rassemblent dans la dignité pour rappeler haut et fort les valeurs républicaines de liberté, de laïcité. Pour rejeter les amalgames destructeurs. Cela ne compte guère pour certains qui, quelques heures à peine après ces moments citoyens aussi puissants que solidaires, se lâchent en catimini et toute impunité sur « la toile » et les mails. Ils se lâchent pour dire leur haine de l'autre, et de l'immigration en particulier.

Trois exemples rapportés par des amis.

• Samedi 10 janvier au marché de Montauban. Deux hommes âgés échangent quelques mots. L'un se penche vers l'oreille de l'autre. « En 62, je te dis qu'on aurait dû tous les tuer ». L'autre acquiesce comme un automate en riant bêtement.

• Lundi 12 janvier. Matin calme dans une grande entreprise de Montauban. L'après-midi, un diaporama circule de nouveau sur les mails. Un power-point lancé en février 2013 et toujours diffusé qui fustige à partir de mensonges grossiers l'immigration et les sans-papiers « dévoreurs » d'aides sociales.

• Ce même jour via d'autres mails, un projet d'auto-collant qui crache : «  Touche pas à mon église, à mes traditions, à mes coutumes, à mon cochon, à mon pinard, ou alors tu dégages ».

Parmi ces « communicants » d'un nouveau style, certains ne sont que des relais passifs, conscients ou non d'être manipulés. D'autres sont des exclus, des désespérés, des victimes sans doute aussi d'un monde toujours plus inégalitaire ; nous devons leur démontrer en quoi ils se trompent de colère.

Beaucoup d'autres en revanche – fans des thèses racistes et xénophobes de l'extrême droite, révisionnistes et pétainistes de tous poils, nostalgiques de l'Algérie française - savent très bien que ces rumeurs bâties sur des mensonges et largement répandues peuvent avoir des conséquences ravageuses pour le devenir du vivre ensemble. C'est ce qu'ils cherchent.

Ces agissements font écho aux propos proférées à droite et chez les Le Pen qui fustigent l'immigration et les immigrés.

Nous le démontrerons, nous le crierons aussi longtemps que nécessaire : Ce ne sont pas les immigrés qui sont la cause des fractures béantes qui gangrènent la société. C'est l'accroissement sans précédent des inégalités et du chômage. C'est la démission du politique face à la désespérance sociale poussée à son paroxysme. C'est la mondialisation du fric et du capitalisme. C'est la casse volontairement organisée des solidarités humaines. Celles des services publics et de l'école républicaine.

Alors, ne rien laisser passer ! On oublie trop souvent que le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont condamnables par la loi.

Ne plus tolérer ! Il y va du devenir des valeurs de solidarité et d'humanité que nous souhaitons transmettre à nos enfants et nos petits-enfants.

Alain Raynal